25 avril 2012

Cinéphilie-Jackass (Hunger Games, La Colère des Titans, Battleship)

 
Attention, l'après-midi suivante a été réalisée par un professionnel sous surveillance médicale. Ne tentez pas de reproduire cela chez vous.

 24 avril 2012 : Hunger Games et La Colère des Titans aux Halles, puis Battleship en salle prestige de l'UGC Normandie. 

 Soient 80 + 150 + 200 = 430 millions de dollars pour mes pauvres yeux réjouis.

 Compte-rendu de cette expédition au cœur du magma imaginaire des trois premiers blockbusters de la saison.

* * *


1. Hunger Games 
 

 Vraie bonne surprise. Moi qui pensais que c'était là pour remplacer Twilight : ça n'a rien à voir. Rien à voir avec Battle Royale non plus. 

 Rien à voir avec Twilight : les acteurs sont bons, on n'a pas l'impression qu'ils regrettent d'avoir signé pour une saga. Le réalisateur a de vraies idées. L'image n'est pas répugnante, le scénario réserve des surprises. C'est intelligent.
Jennifer Lawrence en Cléopâtre. Elle est très belle, oui.
 Rien à voir avec Battle Royale : s'il est question de jeunes qui s'entretuent dans une arène, le film japonais verse dans le gore le plus tôt possible. Le plaisir est clairement du côté de la cruauté. La chasse à l'homme de Hunger Games, il faut le savoir (et je ne le savais pas) n'occupe que la deuxième moitié du film, peut-être même le dernier tiers. Toute la première partie est consacrée à la façon dont sont choisis les candidats, dont ils sont préparés. On voit l'héroïne se faire doucher, épiler, etc., l'accent est mis sur son trac, sur son apprentissage de la mise en scène de soi-même. Tout cela est excellent. On regarde et, anxieux, on se dit : le début est très bon et puis, quand on en viendra à la tuerie, tout va s'effondrer.

 

 Sauf que ça tient. Autre surprise : la violence ne m'a pas manqué. Il y a des critiques qui disent que le film demande au spectateur s'il oserait regarder un tel programme. La réponse est évidemment oui. Tout le monde regarderait, comme pour Battle Royale, pour voir du sang. Seulement, là où Battle Royale ne protégeait pas son spectateur du plaisir malsain qu'il pouvait y prendre, Hunger Games - américain et donc plus prudent, peut-être aussi par amour pour le cinéma - prend garde de ne jamais mettre à égalité le film et l'émission. Le spectateur du film ne devient à aucun moment spectateur de l'émission, à aucun moment l'image des caméras de télé n'occupe l'écran tout entier. Cherchant à questionner l'attirance du public pour le sadisme, le réalisateur fait attention de ne pas l'y plonger.


 Je me demandais sincèrement comment ils allaient se débrouiller pour faire en sorte que l'héroïne devienne une tueuse tout en gardant la sympathie du public. A première vue, le pitch d'Hunger Games est d'une grande banalité (énième chasse à l'homme) - c'est en réalité un vrai challenge de scénaristes. Et la preuve que le film est réussi, c'est qu'on n'a pas l'impression que la violence est censurée. Simplement que sa représentation aurait été hors de propos.

 

 Les scénaristes sont doués, les acteurs aussi : Stanley Tucci, Woody Harrelson, Elizabeth Banks ; et Josh Hutcherson, qui est quand-même le gosse des deux Voyages au centre de la Terre et de Terabithia, pas vraiment des références... mais en y regardant de plus près, pas des daubes non plus. Pas pu m'empêcher de sourire au moment du baiser. Ça aussi, c'est la preuve que ça marche.

still a better love story than twilight
 Disons que l'idée de base, pour éviter le spectacle de la violence, c'est de toujours montrer les conséquences de cette violence. S'il y a une explosion, l'héroïne est soufflée en arrière. Si elle veut couper la branche d'un nid de guêpe, elle se fait piquer plusieurs fois sa gorge tendue. Une fillette prend une flêche dans le ventre : on meurt avec elle, en plan subjectif. La dernière fois que j'ai vu ça, c'était dans Che, de Steven Soderbergh, vous n'avez qu'à voir... Sauf que, attendez... Soderberg était directeur de seconde équipe sur Hunger Games. Il fait aussi partie des remerciements. Tout s'explique.


* * *

2. La Colère des Tits 

 

 M'en voulez pas : alors même qu'on avait trouvé le premier franchement pourri, je voulais voir le second.  C'est l'histoire du film : le premier a fait un bide, mais ils ont tourné une suite quand-même. Pourquoi est-ce que les gens y retournent ? Pour se faire sauter la panse de ce GLOUBIBOULGA (et dieu sait que voilà un mot que je n'emploie pas à la légère) d'images de synthèse, les films Marvel à côté c'est du Nicolas Klotz ; tout est fake, c'est incroyable.

 

  Persée reste ce super-héros de la Grèce antique chargé de... Pff, plein de trucs. Entre autres sauver les dieux, parce qu'ils se mettent à mourir et le souci, quand on est un dieu et qu'on meurt, c'est qu'on va même pas aux Enfers. L'arnaque.

 

Faire mourir les Dieux, c'est déjà bizarre. Citer Inception, ça l'est encore plus. La musique est un plagiat de celle de Hans Zimmer et accompagne une longue séquence (assez réussie, bizarrement) dans un labyrinthe souterrain, à la Nolan. C'est assez joli, on tombe sur un Minotaure en latex qui se fait calmer en quatre plans (combat raccourci au montage, les responsables maquillage font la gueule) et puis on se croirait dans les Goonies. Depuis Super 8, on les avait oublié, ceux-là. C'est pourtant ça. Vous avez Bill Nighy qui fait son numéro (sous prétexte d'incarner Héphaïstos) et fait entrer les trois héros dans une sorte de cave  à la Richard Donner (les Enfers, quoi). Trois héros façon 80's : le protagoniste fade (Persée/Worthington), la jolie blonde (Andromède/Rosamund Pike - mais si, la fille qui faisait de l'escrime contre Madonna dans le 20e James Bond) et le sidekick rigolo (Agénor/un type qui joue dans War Horse).
non, cette nouvelle interface de blogspot ne me servira pas à mettre des légendes stupides sous toutes les photos
 A part ça, le film est assez bête. Un geste le résume parfaitement : lors de son combat contre Arès, Persée colle un coup de boule dans la cuirasse de son adversaire. Même Jason Bourne n'avait jamais tenté ce coup-là (il ne marche pas super).

 

 La scène du baiser vaut son pesant de foin, à la fois macho et plutôt gay. Macho parce que Persée se pointe à côté d'Andromède, la laisse parler quelques secondes sans l'écouter, lui chope la nuque et lui roule un patin. Voir le plan d'Andromède qui suit : je ne sais pas du tout ce que veulent dire les yeux de Rosamund Pike, à ce moment-là, quelque chose comme WTF, je crois. - Plutôt gay, parce que Persée n'a aucune envie d'aller embrasser Andromède et que c'est le sidekick qui l'y pousse. On ignore s'il doit pousser Persée parce que ce dernier est timide ou parce qu'il n'en a aucune envie. ... Sauf que, attendez, Persée n'est pas timide.
 
 Le titre apparaît à la fin du film, façon je me la pète. Le "N" de "TITANS" est à l'envers. Ça donne un côté Elève Ducobu à l'ensemble. Bien vu.

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3. BATTLESHIP (le titre qu'on ne peut pas écrire en minuscules)

 

  Fin de soirée, UGC Normandie, 900 places dans la seule salle circulaire de Paris, 20 spectateurs maximum. Mon siège : U21. Là où on ne peut pas voir les bords de l'écran sans tourner les yeux.

 ... Bon, j'ai reculé d'un rang quand les bandes-annonces ont commencé.

 Battleship ouvre la saison des blockbusters. Normal : à l'origine, le mot "blockbuster" désignait une bombe suffisamment puissante pour faire exploser des bunkers.
 ... Ou des cuirassés.
  Ça se tient.

un côté king kong de 33 à ce plan, quand les acteurs étaient filmés devant un écran sur lequel on projetait les effets spéciaux.
 Comme Prometheus, le Ridley Scott à venir, Battleship part du principe que si les extra-terrestres débarquaient sur Terre, ils seraient très avancés technologiquement sur nous et qu'on se ferait donc exterminer. Ça et Blanche-Neige, voilà les deux tendances de l'été. Tout s'explique : à la deuxième minute de Cockiness, de Rihanna (tête d'affiche de Battleship), on entend le sonar de la bande-annonce de Prometheus. Il n'y a pas de hasard

 Contrairement à La Colère des Titans, Hunger Games et Battleship sont des blockbusters qui prennent leur temps. Pourquoi ? Parce que ce sont des Episode #1. C'est très agréable. On a l'impression de pas être traité comme de gros addicts qu'il faut satisfaire tout de suite. 

 Battleship, c'est l'histoire d'un type de gauche qui voit entrer une paire de seins dans un bar. Manque de chance, ceux-ci appartiennent à une fille de droite (la fille d'un amiral, joué par Liam Neeson de surcroît). Cette fille, c'est Brooklyn Decker, celle qui ferait passer Rosie Huntington-Whiteley pour Meryl Streep. Profitez-en, sa carrière risque d'être courte.

Brooklyn Decker dans le film
Brooklyn Decker dans la vraie vie
                                                      



 (Rosie H-W, au moins, était jolie, même avec sa bouche Pirelli.)











 Pour s'approprier la fille de l'amiral, pas d'autre moyen que de l'épouser. C'est con, mais c'est comme ça. Il faut passer à droite. Le type se coupe les cheveux et intègre l'armée, c'est un début. Il explose quelques bateaux comme un gamin, adieux à son enfance d'aventurier. Puis il intègre le système, victoire ! Pathétique dernier plan du film : le héros a osé demander la main de sa fille à l'amiral. La fille en question lui adresse un gros like du pouce. L'amiral a la main posée sur l'épaule du jeune homme, qui se retourne : like ! lance-t-il du pouce. Cut - générique de fin. Pas de doute : les bateaux, c'est pour faire diversion. 

...
oui, Legolas, c'est ce qu'on appelle une bonne grosse diversion
  Adapter la bataille navale au cinéma n'est pas une si mauvaise idée que ça. Pourquoi on aimait tant y jouer étant gosse, sinon parce qu'on aimait imaginer les bateaux exploser. C'était à peu de chose près l'époque où on se repassait en boucle, sur la VHS (ou le DVD, pour les chanceux) de Pearl Harbor l'explosion du porte-avion. Battleship, c'est cette explosion trois fois de suite en dix minutes, avec un peu du tremblement de terre de 2012 (que je me suis repassé en boucle aussi).

oui parce que donc ça se passe à Pearl Harbor, les Japonais et les Américains font alliance, et Peter Breg se paye un petit plan-séquence sympathique, dont est extraite cette image. voilà voilà, fin de la parenthèse
 Les dix minutes en question sont cependant les seules du film à vraiment délivrer les biens. Je vous l'ai dit, le début prend son temps. On en arrive au bout d'une cinquantaine de minutes à ce premier échange d'obus, très excitant - excitant, littéralement : Battleship est un porno crypté, pourquoi vous pensez que c'est Rihanna qui fait tirer les canons ? S'il n'y avait eu que des mecs au commandes, ce serait passé pour un film onaniste. Il fallait que ce soit une fille qui fasse éjaculer les bateaux.

 Tout ça pour dire qu'à part deux scènes d'assaut vraiment splendides - round 1 remporté par les aliens, puis round 2, une heure plus tard, remporté par les humains - on s'ennuie un peu, c'est du copié de Spielberg (la fille qui se met la main devant la bouche pour pas crier et le monstre à l'arrière-plan). Sachez par exemple qu'aucun porte-avion n'est détruit dans le film. Copyright Michael Bay.


 Le vrai défaut de Battleship, c'est de manquer de poésie.

 Les trois Transformers n'en manquaient pas : le robot sortant de la piscine du premier. Les robots-billes du second. Les hommes-parachute du troisième. Battleship se contente de donner au public ce qu'il réclame, sans s'en éloigner d'un pouce. Bateaux, explosions, destructions. Évidemment qu'on crie "encore", c'est tellement con.

 Seulement j'ai peur de commencer à me lasser. Dans la bande-annonce de GI Joe 2, ils détruisent Londres en plan large. J'ai juste souri alors qu'à l'époque de 2012, j'étais extatique devant l'effondrement de Saint Pierre de Rome. Je dois vieillir. J'ai deux ans de plus que Rihanna, après tout. Ou alors, il va falloir se trouver des réalisateurs pour rendre leur puissance aux images de synthèse.


* * *

 A partir de cette étude de détail... Trois conclusions s'imposent.

- Les méchants se sont remis à soliloquer. A une époque (disons, de 2006 à 2009, la phase JJ Abrams/Jason Bourne), tout allait très vite. A présent, retour aux héros acculés qui ont le temps de se remater Titanic avant que leur adversaire se décide à faire un geste.


- Grotesques citations de Star Wars. "I love you", lance Persée à son fils. "I know", répond celui-ci. Mettre Sam Worthington à la place de la Princesse Leïa, personnellement je n'aurais pas osé. Surtout si c'est son fils qui fait Han Solo. Dans Battleship, c'est l'éternel "I have a bad feeling about this".

- Enfin, l'effet acoustique Soldat Ryan s'annonce comme la tendance de cet été. On le retrouve dans Hunger Games, La Colère des Titans et Battleship. Vous avez une explosion, puis le film devient sourd et on entend juste un sifflement pendant quelques secondes. Subjectivité facile. Ces mecs ne peuvent pas lâcher Spielberg et Lucas deux minutes, c'est incroyable.

 S'il y a un effet de subjectivité post-explosion dans Avengers, vous aurez le droit de vous plaindre. 

 Bon... C'est à peu près tout... Je rends l'antenne. 

ben quoi, vous en faites une tête.

C.

 P.S. Si par mégarde je vous ai donné envie de voir La Colère des Titans, ne jouez pas au héros, c'est inutile.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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