22 octobre 2011

Voir Steven Spielberg et mourir

22 octobre 2011, première mondiale de Tintin au Grand Rex. Ce qui suit est une tentative de pseudo-live-blogging...


On se sent toujours un peu bête au moment d'attendre derrière les barrières avec le poster Tintin qu'on vous a distribué, parce qu'on a en tête les images d'adolescentes hurlantes massées contre les grilles de Trafalgar Square, pour les avant-premières des Harry Potter. Alors je me sens d'autant plus bête quand la télé nous filme, et puis je suis aux premières loges, vraiment.

La télé coréenne veut demander à des français ce que représente Tintin pour eux... Mais ici les Français parlent pas anglais... Moi je me fais tout petit... Finalement c'est un type de Philadelphie qui prend le micro : clairement, le succès de Tintin outre-Atlantique est assuré. Le sortir d'abord en Europe n'est pas une manière de tâter le terrain ou de préparer les Américains, c'est un simple hommage. Le mec, tout Américain qu'il est, trouve les histoires fun et exhilarating et for all ages. Je me demande du coup ce que représente Tintin pour moi. Une BD qui a toujours été dans ma chambre lue entre un Lucky Luke et deux Astérix, rien de ABSOLUMENT FABULEUX, comme tout le monde a l'air de le trouver. Je me souviens surtout des dessins animés, à vrai dire, Le Temple du Soleil et Tintin au Tibet en tête ; Tintin c'est aussi une literie un peu ridicule et le jeu de Game Boy le plus inchiable de la Terre ; mais je n'ai jamais autant aimé Tintin que depuis que Spielberg s'en occupe. Au final, les Américains ont peut-être un amour plus prononcé que les Français pour Tintin parce qu'ils le voient comme un héros exotique, là où nous aurions plutôt tendance à voir un pilier de notre culture, un fondamental des bibliothèques municipales, ce qui est un peu moins séduisant.

Les gardes mettent de plus en plus de barrières. De 19h à 20h30, pas grand chose. Beaucoup de journalistes asiatiques, dont une journaliste japonaise survoltée avec une houppette pas croyable








<-- ici, vous voyez






Marie-Josée Croze passe et fait la belle. Mais si, Marie-Josée Croze : l'espionne qui se fait tuer par Daniel Craig, nue sur une péniche, dans Munich (apparemment, je suis le seul à la connaître ici). Puis une énorme bagnole blanche immatriculée en Corse (wtf) débarque. ... La foule s'électrise ! ... C'est la voiture de Milou. Un petit fox-terrier descend. Milou est corse ! Bon, leur chien n'est même pas entièrement blanc, ses oreilles sont brunes. Quelle arnaque. Le parterre de paparazzi, sous le auvent jaune d'en face, crépite quand-même.

Des sirènes de police montent du fond du boulevard, côté place de la République, indiquant que le maître arrive. La foule s'électrise ! ... Encore ! ... "On met la Viano là, la 206 ici", précise un gros-bras. Les voitures arrivent. Gad Elmaleh descend le premier, de la 206. Il sourit, se dirige vers nous. J'ai très envie de lui dire : "ça skyze votre vie, hein !" - mais si, référence à sa chanson avec les Bratisla Boys, "it skyz maï laïfe". Non, ce n'est pas très drôle en effet, c'est pourquoi je m'abstiens. Du coup je ne tends pas mon Tintin comme tout le monde pour qu'il le dédicace. Pardon Gad Elmaleh, je voulais pas être antipathique, je voulais juste que mon Tintin soit vierge pour Spielberg, pas qu'il ait marqué GAD sur la tronche.

... Et puis...

... Well...

On appelle ça un "starfucker". Quelqu'un qui ne se sent plus dès qu'une star approche. Je me soigne, mais j'en suis un. Seulement, Spielberg est bien pire, à mes yeux, qu'une star. C'est aussi plus qu'une idole. C'est une légende et un grand génie. Je vois, à un mètre de moi, penché pour dédicacer des bouts de papier, sur cet angle entre le Boulevard Poissonière et une petite rue, non loin du métro Bonne Nouvelle, un samedi soir d'automne, l'un des cinéastes les plus brillants qui aient jamais existé - à ceux qui gloussent, oui toi là-bas au fond, je précise que tu devrais regarder à la suite Duel, Empire du Soleil, Jurassic Park, Il faut sauver le Soldat Ryan, Minority Report et Arrête-moi si tu peux, avant de te prononcer.

Il est venu se mettre en face de moi. Les gens criaient, les policiers de la circulation sifflaient, j'avais prévu mon numéro pour attirer son attention ; ça a marché, il m'a parlé. Ce qu'il a dit est très personnel et très secret évidemment ! Qu'il suffise de dire qu'il était comme on l'imagine, proche, drôle ; que le bout de mes doigts picotait et que mes mains tremblaient - starfucker - que ma bouche restait ouverte comme à une soirée de strip-tease burlesque. Je tâchais de le fixer sans trop le mettre mal à l'aise. On a parlé de plans-séquence. Ensuite il a posé avec des filles, comme ça durait il disait : "une mee-nute ! deuw mee-nute ! troih mee-nute !", il a pris en photo un type avec son portable, haha-lol... Tiens, il y avait Jamie Bell à côté...

Et le film au fait ? Tintin ? Hein ? Ben, il paraît que c'est une réussite.


Camille.

Aucun commentaire: