16 décembre 2010

Hot shots (décembre 2010)

Là...non. : Raiponce, de Byron Howard et Nathan Greno.


Les dix premières minutes, vous êtes enchanté. C'est joli, c'est rose, les cheveux de l'héroïne sont rigolos. L'histoire a tout pour distraire : une gamine un peu idiote mais attachante fait de la peinture sur les murs d'une tour pendant que sa maman mégère s'en va réduire des coquillages en poudre et kidnapper des fleurs. Il y a un cheval qui se prend pour Rantanplan, un lézard qui se prend pour Robert de Niro. Un gentil voleur qui se prend pour Errol Flynn. Tout cela est très mignon, très inoffensif. Au bout de vingt minutes, vous commencez tout de même à vous demander pourquoi vous ne vous amusez pas autant que prévu. Pourquoi le faux Errol Flynn fait la tête du Chat de Shrek, que l'on a déjà subie pendant quatre opus de la série géant vert. Vous vous faites la réflexion que tout ce rose, quand même, fait un peu mal aux yeux, et vous vous demandez un instant pourquoi la peau des personnages ressemble si fort à celle des habitants du musée Grévin. Passe encore.
Trois quart d'heures. Vous remarquez, non sans un léger sentiment de "bof", que la musique est complètement nulle, et que le Chat Potté n'est pas le seul à avoir contaminé tout ce petit monde. Vers la fin de la première heure, tout de même, vous versez votre petite larme, parce que la scène du lancer de lanternes est vraiment irrésistible. Puis, lentement mais sûrement, le "bof" revient. Vous vous ennuyez de plus en plus. Vous comptez les fleurs. Vous vous prenez à faire des réflexions de plus en plus étranges : "la méchante en fait trop". Pourtant, la méchante, c'est une image de synthèse, et même : une méchante de dessin animé a bien le droit d'en faire trop. Vous comptez les objets roses. De plus en plus étranges, ces réflexions : il vous faut attendre les dernières minutes pour vous apercevoir que vous vous étiez en réalité trompé de salle, et que vous êtes allé voir La Belle au Bois Dormant.
Soudain, c'est le générique. Comme souvent, le générique d'un film 3D par conformisme est plus joli que tout le reste. Vous esquissez un sourire. Jusqu'à ce que vous remarquiez que le coupable de toute cette musique rose, c'est Alan Menken. Bof.

Là... oui ! : Le Monde de Narnia : L'odyssée du Passeur d'Aurore, de Michael Apted.


Troisième opus. Le Monde de Narnia continue de s'ouvrir tranquillement, sans faire d'éclats. Pas d'hésitations devant les salles : on aime, ou on n'essaie même pas. Difficile pour beaucoup, quand on n'a plus douze ans, de rentrer dans un univers où les souris sont des fines lames, où les enfants sont rois et reines d'un pays immense, tenu tout entier dans la patte d'un lion. Peut-être faut-il avoir aimé le livre à douze ans, quand on ne les a plus.
Ce Passeur d'Aurore a pourtant tous les droits d'être aimé. Plus énergique, plus ambitieux que ses prédécesseurs, il tient ses promesses du début à la fin avec une droiture et une simplicité de plus reposantes. La 3D n'a d'intérêt que marketing : n'essayez même pas, le film n'en a nul besoin. Les batailles sont inexistantes, de la chorégraphie jusqu'au montage : et après ? L'intérêt est ailleurs.
Il y a dans Narnia des qualités que l'on n'ose plus voir comme telles. Les jeunes acteurs, parce qu'ils ne sont pour la plupart pas franchement beau, sont vrais. Les décors, les paysages, parce qu'ils ne cherchent pas à retravailler jusqu'au coup de génie l'imaginaire originel, s'offrent à nous sans heurt. Pays imaginaire auquel on accède sans prendre son vol, dont tous les chemins sont ouverts. Et si la simplicité se fait parfois naïve, le tout n'en est que plus délassant : voici des images qui ploient le genou devant une histoire, et l'histoire est belle, pour peu qu'on veuille l'entendre.

Là, OUI ! Harry Potter et les reliques de la mort, de David Yates.

Il aurait fallu attendre la première moitié du septième volet de la saga, mais nous y sommes arrivés : le cinéma a enfin compris quoi faire d'Harry Potter. Fini les baguettes qui font psschit et les moralités niaises, les sauteries de Noël et autres dragées surprises de Bertie Crochue. Après avoir accusé vis-à-vis des livres un retard d'imagination regrettable quand il n'était pas scandaleux, Potter, en bout de course, rattrape enfin Rowling. Et le résultat, enfin, est admirable.
Sans rentrer dans les détails d'une mise en scène efficace et audacieuse, dédaigneuse de son trop jeune public lorsque l'on n'osait plus l'espérer, mettons en évidence l'identité magique de la prouesse : elle n'a plus pour mystique véhicule une baguette à la plume de phénix, ou le talent dangereux d'un magicien trop doué. Elle ne se drape plus d'effets spéciaux vendeurs, que l'on étalait en bande-annonces comme une marchandise bradée, déjà connue, promettant un fade plaisir de reconnaissance.
Harry Potter devient magique en trouvant le courage de ne plus vouloir l'être. L'essentiel du film, en temps et en force, a lieu entre trois buissons, sur une dune, dans un cimetière enneigé qui pourrait être celui de n'importe quel village de la vieille Angleterre. La malléabilité confortable du fond vert n'est rappelée qu'en dernier recours. Pour les plus hautes exigences, du sable. Les jeunes acteurs que l'image fragilise vacillent au fond du coeur, même les moins bons d'entre eux. Leurs vêtements de ville, publicités vilaines dans les premiers opus, se font indices d'un monde où la magie n'est plus raffinement secret, mais sauvagerie des vieux âges, tapie dans l'ombre des forêts ordinaires.
Et c'est à la synthèse pourtant que revient le mérite du plus beau des tours. Le conte des Trois Frères, séquence animée complètement autonome, rachète à lui seul tout ce que l'on ne nous avait pas encore donné. C'est le seul moment où la prouesse technique se fait magie, mais de la plus subtile des manières : dans l'abstraction. Ombres égarées sur un fond ocre, quelques éléments de décor, dont la texture et les volumes se précisent au fur et à mesure que l'œil danse autour du conte, enivré. Je ne refuserai pas un grand-mot aux Reliques de la Mort : cette séquence, à elle seule, est un chef-d'œuvre. Quant au film, attribuez-lui le nom qu'il vous plaira. Je retiendrai qu'il m'a donné enfin ce qu'il avait de plus important à offrir : un au-delà des villes. Il n'était nul besoin pour cela d'autre magie qu'imaginaire.

Noémie.

2 commentaires:

Mathilde C a dit…

Tout à fait d'accord avec ta critique sur Harry Potter !
Il était temps... et c'est regrettable quand on sait que c'est l'avant dernier...

Rosemonde a dit…

Moi, j'ai été très déçue par Harry Potter... =>
http://jedevoreleslivres.blogspot.com/2010/11/harry-potter-et-les-reliques-de-la-mort.html